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La piste de Lhassa à Katmandou mène dans ces campagnes presque coupées du monde, hauts plateaux d'herbes et de rocailles où les rivières coulent sans lit, au gré des anfractuosités du terrain. D'immenses étendues de terre caillouteuse, parfois un hameau et sortis de nulle part, un paysan à pieds, un troupeau isolé et au loin, les montagnes enneigées.

En dix jours de trajet, nous traversons des paysages somptueux, des villages poussiéreux, nous dormons dans des monastères quasi en ruines, déjeunons de nouilles et de riz frit, buvons du thé sucré.

Le paysage est chargé d'émotions et les soubresauts dus à la piste qui emprunte les prés et les cours d'eau ne nous empêchent pas de profiter de ces instants exceptionnels. Une traversée du pays partagée avec nos compagnons de voyage, Martin et Usa, couple écossais-thai rencontré à Lhassa, et Nema, notre chauffeur tibétain, qui contribuent tous largement à la réussite de cette odyssée.

Ô Everest

S'il est un instant unique, magique, irremplaçable à retenir de cette traversée, alors ce sera notre toute première occasion d'admirer l'Everest et les montagnes qui l'entourent.

Une route qui monte et qui serpente, l'engourdissement des sens après plusieurs heures de trajet et subitement, au passage d'un col, comme une apparition : sur le fond bleu du ciel une chaîne de montagnes qui semble flotter au dessus des nuages, leur sommet enneigé éclatant au soleil.

Elles paraissent toutes immenses même si l'Everest se détache nettement. La vue est surprenante, on a du mal à repartir tant on sent que ce panorama là est unique. Une première et sublime occasion d'admirer le toit du monde avant de rejoindre son camp de base à 5200 mètres d'altitude, où nous passons la nuit.

Transhumance népalaise

Après les paysages enneigés de l'Himalaya, la route vers la frontière népalaise perd peu à peu en altitude et les panoramas montagneux et secs laissent progressivement place à des pentes boisées. La piste longe un défilé, une rivière en furie coule en contrebas et des torrents d'eau dévalent des sommets.

Nous quittons avec regrets notre fine équipe pour passer à pieds les divers contrôles d'identité. La frontière entre la Chine et le Népal est digne des films d'espionnage : une atmosphère étouffante d'humidité, des hommes en uniforme et en armes, des barbelés, des changeurs officieux de monnaie, un bureau de douanes miteux et des kilomètres de camions bariolés garés à la file le long de la route, sur le no man's land qui sert de limite frontalière.